Les amoureux du pont des Arts, 1957
Il était un des plus amoureux des photographes de Paris, la ville l’inspirait, il la connaissait par cœur. Elle mais aussi ces habitants. Il savait où les attendre et les mettre en valeur, tout en discrétion. Il n’a pas travaillé que dans Paris, ses photos prisent en vacances dans le sud de la France, où en proche banlieue, pendant les moments de détente des parisiens sont un pan entier de son œuvre. Il est un des photographes de 1936, des congés payés, des mouvements sociaux. Il a montré l’histoire en marche, et ce qui s’en est suivie.
14 juillet 1936
L’humanité de Willy Ronis est visible dans son travail. Il aimait sincèrement les gens. Paris est leur écrin, présente, la ville est belle, regardée avec tendresse. Elle s’impose. Mais toujours, au centre, il y a l’humain. La méthode du photographe était simple. Il se promenait, appareil prêt à être déclenché. Il repérait l’endroit où il pourrait se passer quelque chose. D’abord planter le décor, la ville, Paris la belle, graphique, gouailleuse, telle qu’elle est. Et il attendait, parfois longtemps, qu’il se passe quelque chose. Qu’un passant vienne donner son équilibre à la future photo. Qu’une femme traverse la rue, qu’une fille se tourne vers lui, qu’un chat passe par là, qu’une bande de gamins déboule. Il cadrait vite, et déclenchait. Parfois ça variait un peu. Pas de temps pour vraiment cadrer, aucune attente, l’image s’imposait à lui et l’instinct opérait. Très peu de photos posées dans son œuvre, une vraiment, le gamin qui courre dans la rue, une baguette de pain plus grande que lui sous le bras. Sa femme à sa toilette en vacance, il lui a crié de ne pas bouger en la voyant, le temps de courir chercher son appareil.
Les escaliers de la rue Vilin, 1959
La nuit dans Paris, est un des moments où la ville se transforme. Elle dévoile une autre de ces facettes. Et c’était un des moments les plus personnels et en même temps les plus communs pour Willy Ronis et ses confrères, Brassai, Cartier Bresson, Doisneau… Le mystère de Paris se révèle entre minuit et … six heures du matin, la ville n’appartient plus véritablement qu’à elle même. Elle est libérée du flot des parisiens et visiteurs d’un où plusieurs jours, les voitures sont garées, les lampadaires sont allumés, les façades des immeubles sont un décor muet et puis il y a le pavé. Le pavé sur lequel la pluie tombe, le reflet des lampadaires. Et la magie opère. Brassai a fait des photos hors du commun dans la nuit de Paris. Mais Willy Ronis n’était pas en reste.
Rue Muller, Montmartre
Et puis il y avait le pas de côté de Paris, ses proches alentours, et l’après guerre. La proche banlieue n’était alors pas du tout comme on peux la voir aujourd’hui. Vanves, la porte de Vanves, la pauvreté des habitants, cette faiblesse. La guerre qui a laissée sa marque sur ceux qui étaient déjà les plus défavorisés. Willy Ronis est également le témoin de cette histoire de Paris que l’on connait peu, parce qu’elle n’est pas glorieuse, qu’il vaut mieux vendre le renouveau glamour des années cinquante parisienne.
Porte de Vanves, 1948
Et puis, il y a le développement de la photo en couleur. Et un Paris que l’on peut presque encore identifier aujourd’hui dans certains quartiers encore populaire, ou qui s’en donne l’aspect. Bien sur les voitures ont radicalement changées, les vêtements, les physiques même ne sont plus les mêmes. Il y a tellement moins de boutiques de quartier, mais il suffit de se promener dans des rues excentrées, dans le quinzième, pour savoir que cette vie de Paris est encore là, sous jacente. Et les photos en couleurs de Willy Ronis sont là pour faire le pont entre ses deux époques.
La rue Saint Dominique, 1957
Merci Clémence pour ces quelques minutes en compagnie de Willy ! Avec un texte en parfaite harmonie.
Merci pour ce petit voyage.
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